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Tapage
29 octobre 2007

Débats

Très intéressante mise en perspective sur le blog de Damoclès.

Deux points de vue extrêmes sur l'immigration. Connaissant mal les deux interlocuteurs (au delà d'une approche médiatique, forcément superficielle), je ne les jugerai pas. Ce qui est intéressant, c'est le conflit.

Dans les deux cas, ce que je trouve triste est la vision réductrice et simplifiée du sujet.
D'abord, quand on dit immigration, les Français  pensent surtout arabes, et peut-être après, pays de l'est ou Chinois. C'est peut-être triste, mais c'est comme ça. Donc l'immigration est un thème cher aux racistes ou aux anti-racistes. Viens chez moi ou ne viens pas chez moi.

Du côté des anti-racistes, on est paternaliste - c'est comme ça que ça s'appelle, ou peut-être, pour être plus négatif, manipulateur : tous les immigrés (arabes/africians des ex-colonies) sont gentils, malheureux, brimés, et il faut les accueillir parce que la France a été si méchante.

En face, c'est tout aussi subtil : les immigrés (surtout les arabes) sont tous méchants, volerurs, malhonnête, ils viennent tous pour bouffer la France.

Que voilà du débat.

Ce que j'en pense, même si on s'en fout : les immigrés, arabes, africains, polonais, roumains, chinois, tchétchènes, plombiers, médecins, marins, sont tous différents les uns des autres; donc ils ne peuvent être casés dans des cases réductrices de gentils pauvres malheureux ou méchants profiteurs malhonnêtes.
Les immigrés ne sont pas le problème. Ils ne sont pas un problème. On ne devrait même pas parler d'eux.

Ils jouent le rôle des enfants que les parents se disputent lors d'un divorce. Quand les parents font cela, ils ne pensent pas aux enfants. De même, les politiques, dans ce discours-là, se foutent tous des immigrés et de leurs malheurs. Ils s'attendrissent ou se scandalisent de mariages forcés ou autres comme ça, parce que cela renforcent leur image d'eux-mêmes : je suis choqué par le mariage forcé, donc je suis quelqu'un de bien. Ou bien ils profèrent des paroles lepénsite, en se croyant libres-penseurs.

Pendant longtemps, une gauche molle a régné sur les esprits : il fallait aimer l'autre, surtout l'étranger, surtout différent, parce qu'on était large d'esprit. Si on disait que l'on n'avait pas envie de supporter l'autre chez soi, on était méchant. Raciste; comme raciste = fasciste et que fasciste = nazi, il ne fallait pas parler de l'autre, pas un mot.
Une commentatrice cite très opportunément une chanson de Diams. La France de Diams parle de bled et déteste les règles; la chanson fait allusion aux banlieues, suppose-t-on. A celles où l'on parle de bled. Si l'on est d'origine viet-namienne, on ne parle pas de bled : est-on de la France de Diam? Et si l'on est roumain par ses parents? Et si je dis que j'aime la France des petits villages, avec églises,  je suis raciste? Sauf si j'ajoute que j'aime aussi les oasis? Mais non, je suppose que je dois comprendre l'esprit de la chanson. Diams veut parler d'une France ouverte à toutes les cultures. Pourtant je n'aime pas cette chanson : elle me parle d'une France qui n''est plus celle de nos petits villages à nous, mais celles d'autres petits villages, qui sont tout ce que l'on veut mais pas français. La France, ce n'est pas le bled; ce n'est pas non plus les petits villages charmants et verdoyants du Pays de Galles; ni les villages de la jungle viet-namienne. Pourquoi est-ce que ça doit le devenir?

Chaque pays a sa culture, et j'en parle avec d'autant plus de facilité que j'ai vécu dans plusieurs pays. Pas assez pour me rendre compte s'il y en a un autre que la France qui a autant honte de lui-même. Pourquoi faut-il avoir honte du beaujolais, en tant que symbole d'une France profonde? On n'a pas le droit d'aimer le beaujolais? trop franchouillard?

La véhémence est rarement mon truc, c'est pourquoi j'ai du mal à m'exprimer. Moi, je ne vois pas la contradiction intrinsèque entre le beaujolais, l'église au bout de la place, sous les arbres, et le bistrot; le couscous sous toutes ses formes, avec des makrouds après; les feuilles de vignes ; les nems; pourquoi doit-on les opposer? Pourquoi doit-on avoir honte de la France et de sa culture populaire et de ses particularisme pour apprécier ce que l'on trouve ailleurs, que ce soit culinairement ou culturellement?

Pourquoi ne pas admettre que s'adapter à d'autres cultures est plus ou moins facile? Pourquoi vouloir que les immigrés s'intègrent (avec quoi va-t-on mesurer leur intégration?)? Pourquoi être choqué qu'un couple de Marocains vivent comme chez eux? Pourquoi être choqué que des Français de certaines régions ou quartiers en aient assez de ne plus se sentir en France ? Pourquoi toutes ces questions sont-elles antagonistes?

Bref, nous avons deux points de vue antagonistes et aussi réducteurs l'un que l'autre : un discours qui a longtemps dominés les médias, hypocrite, sur l'immigration (encore que le texte de Sopo soit axé sur Zemmour, plus que sur l'immigration); l'autre, anti-immigration décomplexé mais agressif et réducteur. Est-ce notre seul choix?

Comment nous rendre fiers de la France, d'une vraie France, avec des idées politiques différentes qui s'exprimeraient dans le respect de l'autre? Comment nous rendre fiers d'un pays qui apparaît encore à des nombreux malheureux d'ailleurs comme un Eldorado? Comment dire sa fierté sans renvoyer tout le monde dehors, ou accueillir tout le monde dans le plus grand désordre et en la salissant par des mots, comme dans les chansons évoquées dans les commentaires du billet de Damoclès?

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