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Tapage
3 janvier 2008

Editorial du Courrier internaitonal pour la Pakistan

Pas de quoi se réjouir en ce début d’année 2008. Car les sujets de préoccupation ne manquent pas dans notre monde troublé. A commencer par la grave crise que traverse le Pakistan au lendemain de l’assassinat de Benazir Bhutto. Une nouvelle période d’incertitude s’ouvre en effet dans ce pays chroniquement instable qui fait les frais, depuis sa création, de jeux diplomatiques aussi complexes que risqués. Les conflits à répétition avec l’Inde, qui étaient en germe dans le processus de partition qui a donné naissance aux deux nations, ont débouché sur une situation inextri­cable où l’armée, omniprésente, contrôle à peu près tout, y compris des pans entiers de l’économie. Et où la protection sans faille de l’allié américain produit les pires effets. De mauvaises habitudes qui remontent aux temps déjà lointains de la guerre froide. Les Indiens s’étant alliés avec les Soviétiques, la logique simpliste de l’époque imposait aux Pakistanais de faire alliance avec les ennemis de ces derniers, à savoir les Américains (et les Chinois). Et Washington ne voyait que des avantages à un tel arrangement. D’où un flot soutenu d’aide militaire et un appui constant aux très nombreux dirigeants – autocrates et/ou corrompus – qui se sont succédé au pouvoir au fil d’une histoire politique ponctuée par les assassinats et les coups d’Etat. L’important, ce n’était pas d’encourager la démocratie mais de disposer d’une plate-forme pour contrecarrer l’expansionnisme soviétique en Afghanistan. Il ne faut pas oublier que Washington a largement aidé et financé le mouvement taliban – c’était en 1994, à l’époque où Mme Bhutto était pour la seconde fois au pouvoir – et qu’il a de ce fait fortement encouragé les mouvements islamistes qui sont aujourd’hui dénoncés comme les pires ennemis de la très problématique démocratie pakistanaise. Résultat de ces errements diplomatiques américains – dont on pourrait dresser une longue liste –, une situation politique bloquée dans un pays où le général Musharraf règne sans partage. Le fort soutien populaire dont bénéficiait Benazir Bhutto devait lui permettre de conquérir une part du pouvoir et d’offrir une perspective d’évolution vers la démocratie. Mais sa disparition annihile, sans doute pour longtemps, tout espoir de stabilisation. Et de paix civile.
Bernard Kapp
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